Dossier spécial

Installer un son de qualité chez soi

Que l’on soit un mélomane du dimanche ou de la première heure, équiper son logement d’un système audio digne de ce nom n’est de loin pas évident. Alors voici tout ce qu’il faut savoir pour se lancer dans cet aménagement… en évitant la fausse note, bien évidemment!

Voici tout ce qu’il faut savoir pour se lancer dans cet aménagement… en évitant la fausse note, bien évidemment!
Voici tout ce qu’il faut savoir pour se lancer dans cet aménagement… en évitant la fausse note, bien évidemment! - Copyright (c) Freepik
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1. La limite des enceintes polyvalentes

Connues de tous, les enceintes portatives, étanches et design, que commercialisent entre autres les marques JBL, Beats ou encore Marshall, ont non seulement le mérite d’être souvent abordables mais également de pouvoir se connecter à plusieurs sources en un clic. Ainsi, un seul (petit) appareil nomade peut à la fois recevoir le flux numérique depuis une plateforme de musique (telle que Spotify ou YouTube), le décoder, saisir la source, contrôler le volume, amplifier, etc. Un vrai bijou de connectivité qui séduit aujourd’hui le plus grand nombre mais qui fait grincer des dents les spécialistes du son et les amateurs de musique. Puisque par leurs limites de capacités physiques, ces enceintes polyvalentes (où les grosses membranes et le volume de résonnance font défaut) peinent notamment à reproduire les graves et se doivent alors de tricher… en rognant donc sur la qualité du son.

Que l’on soit en chalet, en villa ou en appartement, l'installation hifi est une valeur sûre.diaporama
Que l’on soit en chalet, en villa ou en appartement, l'installation hifi est une valeur sûre.

2. Ce qu’on entend par son de qualité

Mais qu’est-ce que concrètement un son de qualité? La définition semble n’avoir désormais plus le même sens commun qu’autrefois. Celui qui prévalait à l’époque des années d’or de la «hifi» (abréviation de haute fidélité) dont le terme est apparu dans les années 1930, désignait une meilleure qualité de la reproduction sonore grâce à une gamme plus étendue de fréquences et une notion de fidélité par rapport à la source originale. «Or, de nos jours, l’auditeur semble s’être malheureusement habitué à un résultat peu qualitatif tel que celui émis par les enceintes portatives», constate Eric Philippet qui préside la société ACRpro à Carouge (Genève).

Même écho pour Philippe Rod de la boutique Présence Audio en Vieille-Ville de Genève depuis trente ans: «les trois quart des personnes ont un meilleur son dans leur voiture que ce qu’ils écoutent à la maison, c’est dire. L’amélioration technique et technologique a été frappante dans l’univers audiovisuel (avec des télévisions sans cesse plus perfectionnées, grandes et plates) mais l’évolution dans le son n’a pas été aussi marquée.» Ce dernier constate par ailleurs qu'une majorité des personnes «ne sait même plus ce qu’est la hifi et voit l’amplificateur comme un terme abstrait». Un son qui serait envoyé directement dans des enceintes, tout simplement.

La faute à une industrie qui nous a fait croire que la musique ne coûtait rien, d’après Eric Philippet d’ACRpro. «Cela a commencé avec la cassette où l’on a pu enregistrer une musique pour laquelle on devait acheter un disque auparavant. Ensuite, est apparue la musique numérique où l’on s’est habitués à croire qu’un morceau de musique était gratuit sur les mp3, puis les smartphones, et à avoir un son de mauvaise qualité diffusé dans les oreilles directement. Or, un son de qualité ne peut être, selon moi, écouté que dans un bon environnement avec une bonne installation» précise l’expert.

Se préparer un coin d’écoute avec le matériel adéquat n’est pas toujours simple.diaporama
Se préparer un coin d’écoute avec le matériel adéquat n’est pas toujours simple.

3. Les trois concepts sonores à la maison

Alors pour installer un son «de qualité» chez soi, comment fait-on? Eric Philippet se veut à nouveau tranchant sur la question: «la première chose à comprendre, c’est ce que l’on veut. Typiquement, un couteau suisse c’est fantastique, il fait tout mais pour couper du pain, je préfère un couteau à pain (qui coupera mieux). Alors pour l’audio, il faut se poser la question de ce que l’on recherche. Du home cinéma, un environnement sonore ou simplement écouter de la musique? Chaque fonction a ensuite un système approprié.»

À commencer par le home cinéma où le son est lié avant tout à l’image. Même si des haut-parleurs sont intégrés dans les téléviseurs aujourd’hui, la qualité peut facilement être réhaussée à l’aide d’une barre de son connectée ou en plaçant des haut-parleurs en réflexion directe et indirecte (par exemple derrière nos têtes pour nous donner l’impression qu’un avion passe juste au-dessus de nous). Deuxième possibilité d’installation: le multi-home qui permet de créer des ambiances et de contrôler depuis une seule application, les haut-parleurs intégrés aux plafonds de la cuisine, de la salle de bain et du salon.

Enfin, les mélomanes (toutes générations confondues) se tourneront, quant à eux, vers la traditionnelle hifi. Autrement dit, une installation raccordée (par Bluetooth, wifi ou connexion filaire) à une source (numérique, tourne-disque, lecteur CD…), pour laquelle il faudra un décodeur qui transformera le signal digital en analogique et l’amplifiera dans des haut-parleurs. À savoir que 90% des enregistrements sont produits pour une écoute stéréo (donc deux haut-parleurs de part et d’autre de notre champs d’écoute).

Un haut-parleur peut prendre différentes formes.diaporama
Un haut-parleur peut prendre différentes formes.

4. Définir clairement ses attentes

Une fois que l’auditeur s’est orienté vers l’un de ces trois concepts sonores, reste à clarifier davantage ses attentes envers le son. «Il faut comprendre l’importance que celui-ci a dans son quotidien. En fonction, il sera préférable ou non de prendre plus ou moins de place dans l’espace de vie», décrit Corrado Prospero, fondateur de Prospero-Audiovisuel à Neuchâtel. Or, définir ce rapport au son n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît et sera une exigence contrairement au choix d’une télévision ou d’un projecteur. L’héritage biologique fait que l’on peut se fier à tout ce que notre oeil voit (sauf face à des effets d'optique). Alors qu'en ce qui concerne l’oreille, si l’on change l’ampli ou un câble, l’effet peut vite être invalidé. L’oeil observe une réalité tangible tandis que l’oreille a une perception plus subjective», commente Philippe Rod de Présence Audio. Avant d’ajouter: «en tant que concepteurs sonores, nous avons une recette à suivre pour assurer une certaine qualité mais on va à chaque fois l’adapter au goût du client en ajoutant des petits ingrédients et tester ses préférences.»

5. Se faire conseiller par LE professionnel

Justement. Dans une société où internet se veut une mine d’information inépuisable, regroupant 9 milliards d’avis «d’experts» et un marché globalisé à l’infini proposition de produits, pourquoi devrait-on se tourner vers un spécialiste pour avoir un son de qualité? «Parce qu’à titre de comparaison, si vous achetez un bon vélo cher mais que vous le réglez mal, il ne fonctionnera pas mieux qu’un vélo premier prix» souligne le Genevois Philippe Rod. En effet, un système qui ne sera pas installé dans de bonnes conditions ou des produits se mariant mal entre eux sont monnaie courante dans les domaines techniques tels que le son (ou l’éclairage par ailleurs). Un spot ou une enceinte dirigée vers le mur ou vers soi peut ainsi doper ou détériorer du tout au tout un système.

«Typiquement, j’étais chez un client l’autre jour qui avait acheté des enceintes assez imposantes et en les écartant de quelques centimètres des parois murales, cela a complètement modifié le rendu sonore», poursuit-il du haut de ses trente ans d’expérience. Un savoir-faire que beaucoup cherchent auprès de leur électricien dont le métier n’est pourtant pas celui de la stéréo. «Malheureusement, notre expertise n’est pas assez mise en avant, entre autres par les architectes lors de nouvelles constructions. Nous intervenons donc souvent beaucoup trop tard dans la conception. Il y a bien sûr des priorités chez soi comme l’agencement de la cuisine ou la réalisation des sanitaires mais si l’on pouvait intégrer les éléments sonores plus en amont, nous gagneront en
qualité d’installation» commente le patron de Prospero-Audiovisuel.

Le tourne-disque confère une meilleure qualité de son que le streaming.diaporama
Le tourne-disque confère une meilleure qualité de son que le streaming.

6. Mais est-ce que c’est cher?

À nouveau, bon nombre d’amateurs de musique pensent souvent, à tort, que s’offrir de la hifi et se faire conseiller par un expert n’est pas à la portée de toutes les bourses. C’est là encore une croyance qui s’est généralisée avec le temps mais qui n’est pas une vérité absolue pour autant. Il suffit de passer quelques minutes dans une boutique de vente d’appareils audio pour se rendre compte de la réalité: une offre pléthorique, aux palettes de prix variant de 149 francs à 25’000 frs chez certains mais avec la
garantie d’avoir trouvé le modèle adapté à ses besoins. «Ce qui coûte cher c’est de se tromper et de ne pas être satisfait. Du moment où l’enceinte portative JBL correspond à votre utilisation et votre budget, c’est un très bon rapport qualité-prix. Même le gadget audio à 10 francs de Wish est un super rapport qualité-prix… tant que vous achetez en votre âme et conscience, en sachant
que l’expérience auditive ne sera pas de qualité mais qu’elle ne vous coûtera rien» appuie Eric Philippet de ACRpro.

7. Plusieurs paliers pour doper la qualité

«La qualité est accessible à tous. D’autant qu’un concepteur audio laisse toujours la possibilité au client d’aller plus loin par la suite s’il le désire» indique le Neuchâtelois Corrado Prospero. Itérative, l’installation d’un son de qualité peut donc se faire au fur et à mesure. En débutant avec deux enceintes et le système central dans un design soigné, un pack à 999 francs est tout à fait envisageable. Puis, parmi les diverses possibilités d’optimisation, il est possible ensuite d’utiliser un streamer plutôt que son smartphone comme source.

Le home cinéma s’est démocratisé.diaporama
Le home cinéma s’est démocratisé.

Une sorte de hub numérique sur lequel on va renseigner son compte de streaming et grâce auquel on évite l’aspect dégénératif de qualité du son causé par le Bluetooth. «On préconise toujours une connexion filaire plutôt que le wifi et le Bluetooth ou alors d’opter pour une plateforme de streaming de haute définition (meilleure que le format CD) comme Tidal ou Qobuz plutôt que Spotify» explique Eric Philippet. Ce que confirme son confrère Philippe Rod: «On a toujours accordé beaucoup de mérite aux enceintes mais elles ne font jamais plus que diffuser ce que la source et l'amplificateur leur donnent auparavant. On estime donc qu’il faudrait investir un tiers du prix dans l’amplificateur, un tiers dans les enceintes et un tiers dans la source pour avoir de la vraie qualité.»

Aussi, il faudrait (dans un monde idéal) limiter la casse au niveau acoustique, les salons n’étant pas toujours adaptés. Mais il suffit parfois d’un rideau en standby à tirer de temps en temps pour sublimer une installation. Enfin, il existe en outre des accessoires pour éviter de salir la qualité d’alimentation du courant. Mais encore une fois, tout sauf indispensables, ces leviers permettent seulement d’aller toujours plus loin dans la quête d’un son parfait…