Créer un centre-ville à vivre
En charge d’une des plus grandes mutations urbaines d’Europe, les acteurs du PAV se sont réunis à l’occasion d’un Forum mi-février pour discuter des multiples enjeux de ce projet titanesque.

Pour l’heure, Praille-Acacias-Vernets ou plus communément le «PAV» se résume dans l’esprit collectif à une poussée abusive de chantiers, à des sols éventrés et une source de nuisances démesurée... Un passage pourtant nécessaire pour la réalisation de ce futur centre-ville genevois qu’un groupe de concepteurs s’échine à rendre chaque jour un peu plus concrète. Pour rappel, ce projet d’envergure concerne neuf quartiers qui doivent être repensés intelligemment pour répondre à toute une série de défis qui ont été abordés lors du 2e Forum des acteurs du PAV mi-février, devant un parterre de 400 participants.
Une complexité décuplée
«Nous avons conscience qu’il s’agit du dernier bout de centre-ville que l’on peut urbaniser, densifier et basculer en logements à Genève. Or, nous sommes en site occupé donc nous allons devoir organiser judicieusement la cohabitation», décrit Vinh Dao, directeur général de la Fondation Praille-Acacias-Vernets. Avec 1600 entreprises et 23’000 emplois actuellement sur site, le périmètre PAV va donc nécessiter la relocalisation d’activités industrielles, artisanales, commerciales et logistiques, notamment dans le secteur à venir de Praille-Ouest. En outre, la densification prévue passera par la verticalité des constructions, afin de «dégager les sols et permettre la création de beaux et généreux espaces aux rez», a souligné le conseiller d’État genevois Antonio Hodgers. Des rez-de-chaussée qui se devront d’être engageants grâce à des commerces et une ville dite «productive». Les premières tours qui émergeront seront d’ailleurs celles du Campus Pictet de Rochemont et de Quai Vernet, qui doivent toutes deux être livrées début 2026.
Les enjeux de durabilité ont aussi été sujets à discussions. Le chauffage par GéniLac, les quartiers sans voiture, la remise à ciel ouvert de la Drize et la construction zéro carbone demandant aux concepteurs de gros efforts pour se projeter dans l’avenir (parfois à l’aveugle) et innover.
Favoriser le collectif
«C’est pour cela que nous allons coconstruire le PAV, tous ensemble, sur un temps long car même si l’on en perd au départ, nous en gagnerons par la suite», ajoute Vinh Dao. Et par co-construction, les acteurs tels que Yannos Ioannides, responsable des développements immobiliers pour le Groupe Comptoir Immobilier, entendent casser les silos de compétences et de responsabilité. «L’habitant est angoissé par rapport à son loyer, la collectivité vis-à-vis de la gestion de sa ville, le promoteur par la rentabilité de son opération et l’architecte par les limites qui lui seront imposées. Tout le monde est méfiant dès le début d’un projet car personne ne se parle mais si l’on met en commun les ambitions personnelles, via des ateliers par exemple, cela facilite grandement l’acceptation du changement urbain», précise Yannos Ioannides.
Déjà mise en pratique dans le cadre du programme immobilier de Belle-Terre (670 logements), à Thônex (GE), cette co-construction sera à nouveau mise sur le banc d’essai ces prochaines décennies au PAV. À commencer par le quartier Acacias 1 qui hébergera 5000 habitants, 2300 logements et 5000 m2 de bureaux. L’appel à projets (autrement dit aux investisseurs) vient d’être lancé.